Afrique de l’Ouest : 50 ans d’intégration régionale et de développement

La CEDEAO sur le chantier des reformes pour une communauté au service des peuples, de l’économie et de la démocratie
La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), créée le 28 mai 1975 célèbre cette année 2025 ses 50 ans d’existence et d’activités. Organisation intergouvernementale regroupant aujourd’hui douze Etats membres au lieu de quinze auparavant, la CEDEAO a pour but de promouvoir la coopération et l’intégration régionale.
La création d’une union économique et monétaire ouest-africaine reste le principal objectif de cette communauté. La CEDEAO va étendre son pouvoir au maintien de la paix, à la prévention des conflits, en dépit du fait qu’au départ son rôle soit purement économique. Plus encore, l’organisation intergouvernementale s’intéresse à d’autres champs d’action notamment les télécommunications, les transports et aussi le processus démocratique, le respect des résultats des urnes, de l’État de droit et de la bonne gouvernance.
Après quasiment cinq décennies au service de l’intégration régionale, du développement durable et intégrale, la CEDEAO a amorcé le chantier des reformes pour être encore plus au service des peuples, de l’économie mais aussi de la démocratie.
La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest est l’une des rares organisations sur le continent africain à faire des prouesses depuis bientôt 50 ans sur plusieurs plans.
Tenant compte des critique, incompréhensions et l’envie de quitter le navire par certains Etats membres, la CEDEAO est sans aucun doute, sur le chantier des reformes pour relever les défis d’une communauté au service des peuples et de la démocratie.
Après de nombreuses victoires notamment dans la prévention, le règlement de nombreux conflits, l’organisation fera face à des difficultés de plusieurs genres à l’interne comme à l’extérieur.
Départ de trois pays membres, critiques des chefs d’État et des ministres en fonction, apparente baisse de l’estime de certains acteurs politiques et de la jeunesse de certains États, apparemment, la communauté semble ne pas être comprise par tous.
Chantre de l’intégration régionale, de règlement de conflit, la CEDEAO à l’annonce de la célébration d’un demi-siècle, semble avoir du pain sur la planche.
Quasiment, tous les États membres de la CEDEAO ont adhéré à l’organisation dès 1975, l’année de sa création, à l’exception du Cap-Vert qui l’a rejointe en 1976.
Le 29 janvier 2025, le Burkina Faso, le Mali et le Niger quittent la CEDEAO pour créer l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces trois pays ayant des pouvoirs militaires à leur tête après des coups d’État condamnés et sanctionnés par la CEDEAO ont préféré quitter la barque.
Les pays qui sont membres de la CEDEAO, de nos jours sont: le Benin, le Cap-Vert, la Côte d’ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée (suspendu à la suite du coup d’État militaire de septembre 2021), la Guinée-Bissau, le Liberia, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Léone et le Togo.
La CEDEAO ne rejette pas catégoriquement les critiques et même les diatribes, au contraire elle veut renaître de ses cendres comme un phénix et combler l’attente des peuples.
Le président de la République de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco EMBALO n’est pas allé par le dos de la cuillère, il a critiqué ouvertement et publiquement » la tendance paternaliste de la CEDEAO », dans une interview à la prese. Il est allé plus loin en déclarant : « ce sont les États qui ont la souveraineté et non la CEDEAO. Les pays ont la souveraineté et la CEDEAO ne peut violer la constitution et les lois des pays … »
« Il n’appartient pas aux fonctionnaires de la CEDEAO de dicter aux Etats ce qu’ils doivent faire », ajoute encore le Président de la République de la Guinée- Bissau.
Le ministre des affaires étrangères de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, le Professeur Robert Dussey, dans une interview n’a pas écarté l’éventualité d’une consultation du peuple pour une probable adhésion à l’Alliance des États du Sahel (AES) créée par les pays ayant claqué la porte à la CEDEAO, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Autant de déclarations et de facteurs qui pourraient fragiliser la CEDEAO et porter des coups durs à son image au niveau des populations.
Mais loin de se décourager, la CEDEAO met tout en œuvre pour assumer cette vocation de la » communauté des peuples » .
Assurément la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) accepte de tenir compte des critiques, même les plus acerbes, d’examiner les diatribes, de consulter les citoyens, d’opérer des réformes et de s’adapter à la volonté des peuples.
Cinquante ans, c’est l’âge adulte, responsable et sage et des reformes vont permettre à l’organisation de répondre encore plus aux aspirations des peuples sans perdre de vue le but et les objectifs.
Il est important de prendre les dispositions pour relever les nombreux défis. La CEDEAO devrait s’intéresser encore plus à la volonté des peuples mais pas seulement au désidérata des dirigeants des pays.
Sur le plan économique, mettre encore plus l’accent sur la promotion de la coopération économique et l’intégration régionale entre ses États membres mais aussi continuer par collaborer avec les autres Etats notamment de l’AES. Il s’agit aussi d’éliminer effectivement les barrières commerciales, faciliter véritablement la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux au sein de la communauté.
Les mécanismes mis en place pour atteindre l’intégration sont entre autres la création d’institutions régionales et la mise en œuvre de politique communes. C’est le cas de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO ( BIDC) pour ne citer que ces institutions.
Le protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens donne la possibilité aux ressortissants des États membres d’être exemptés de visa, de résider et de travailler dans d’autres Etats membres. Malheureusement sur le terrain, le constat est amer. La traversée des frontières entre certains États reste la croix et la barrière. Les Etats et leurs dirigeants doivent y veiller.
Sous prétexte de raisons sécuritaires, les fouilles se sont multipliées dans certains pays, donnant des fois des vertiges aux voyageurs. Les citoyens de la communauté sont victimes de racket à certains endroits en dépit des textes et des bonnes intentions de la CEDEAO et les dirigeants doivent veiller au grain au respect des principes de la Communauté.
La création de l’Union douanière qui réduit les droits de douane et élimine certaines barrière commerciales entre États, favorise le commerce intra régional et encourage les investissements entre les pays de la CEDEAO.
Le projet de la création d’une monnaie unique, l’Eco devrait aider la CEDEAO à l’intégration monétaire en Afrique de l’ouest et surtout faciliter les échanges commerciaux. Mais que ce soit sur le plan économique, culturel comme sur le plan politique, il est important de respecter la souveraineté des États.
La promotion de la coopération et l’intégration dans le domaine économico-socio-culturel tiennent à cœur aux fondateurs de la CEDEAO.
La CEDEAO à projeter réussir une union économique et monétaire grâce à l’intégration totale des économies nationales des États membres.
La coopération économique, le renforcement des relations entre les Etats membres et la promotion de la stabilité politique dans la région reste des priorités de la communauté.
Mais il est important d’éviter ce qui pourrait s’apparenter à deux poids, deux mesures. Autant la CEDEAO est contre les coups d’Etat militaires, elle devrait aussi s’opposer aux coups d’Etat constitutionnels.
La Communauté devrait éviter aussi de faire le médecin après la mort en privilégiant la prévention et la prévision.
Il est important de vulgariser encore plus les textes de la Communauté et d’organiser des rencontres d’échanges avec les acteurs politiques et les jeunes des Etats membres pour avoir aussi leurs points de vue sur les actions et décisions de l’organisation.
La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), célèbre ses 50 ans au service de la paix, du règlement des conflits, de l’intégration régionale, du développement durable et intégrale.
La CEDEAO a amorcé le chantier des reformes pour une communauté au service des peuples, de l’économie et de la démocratie et il est important qu’elle continue dans ce sens pour servir de modèle au continent africain et au monde entier.
La lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent, l’immigration clandestine des jeunes, l’exigence du respect de la constitution des Etats, la promotion de la bonne gouvernance et de l’alternance politique pacifique devraient être aussi des priorités de l’organisation intergouvernementale pour les décennies à venir.
Emmanuel Vivien TOMI
Plume Libre
Lomé,République du Togo
Cet article exclusif et original est publié par son auteur dans le média en ligne www.plumelibre.tg le 20 mars 2025 dans le cadre du concours Prix d’Excellence des Médias de la CEDEAO, Catégorie Médias en ligne.
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